par Le Skwall » 12 Novembre 2009, 08:51
Salut Christophe,
tu l'auras voulu....
Plutôt que de relater des souvenirs personnels de cette croisière, j'ai préféré décrire ma façon de voir le SF 20 et les conditions de cette croisière...
N'hésitez pas à envoyer vos commentaires ou questions.
Attention.... c'est parti !!!!!
Salut à tous,
Allez, j’ai suivi ton conseil Christophe : je suis sur Word…
Le SF 20, un day boat ? Il lui fallait bien une étiquette pour surfer dans la jungle du marché moderne ! Un voilier de 6m, capable de naviguer à plus de 4 noeuds au près, d’héberger 5 personnes pour dormir, tout en conservant un couple de redressement plus élevé que certains quillards, est parfaitement en mesure de promener son équipage pour une croisière côtière, le temps d’un week end, une voire plusieurs semaines.
Reprenez vos revues « spécial salon » d’il y a 20 ans, quelle était la taille moyenne des bateaux de croisière ? Quelle est elle aujourd’hui ? Cette inflation en taille des bateaux n’est pas corrélée au plaisir que nous prenons en croisière, elle n’est que le reflet du besoin des chantiers navals de plaisance de poursuivre leurs bénéfices. Et une psychose inconsciente de s’installer, relayée par les récits catastrophe de la presse nautique et la nature mégalomaniaque de l’homme : « il est beau mon bateau mais avec un plus gros, je serais plus en sécurité, mon équipage aussi… et puis ce nouveau, qu’est ce qu’il me plaît, nous serions jolis en photo lui et moi… »
Quel est le programme de navigation de la majorité des plaisanciers ? La sortie à la journée ! Vous avez dit day boat ??? Les ports ne sont pourtant pas remplis de day boats. Et combien de voiliers armés en 1è catégorie (ancienne norme) se sont réellement éloignés de plus de 200 milles d’un abri ? Combien de bateaux sortent plus de 100 jours par an ? Tout cet investissement (financier, énergique, de temps) pour une sortie à la journée de temps en temps.
Définitivement, la taille des bateaux que nous rencontrons n’est pas le seul reflet de leur potentiel à affronter les éléments mais plus souvent le reflet de l’angoisse du skipper face aux éléments et de ses moyens financiers.
La qualité du skipper et de son équipage est le premier déterminant à la croisière côtière, le Sun Fast 20 n’interdit pas la croisière côtière !!!
Partis sur ces principes, ma femme, mes 2 petiotes (4.5 et 1.5 ans) et moi sommes partis en Corse l’été 2008.
Départ d’Angers, SF20 en remorque, jusqu’à Nice. Là, nous sommes montés dans le ferry et débarqués à Calvi. N’ayant pu naviguer depuis quelques mois, faute de temps, nous n’étions pas préparés à affronter les conditions locales (F7 d’W) des 3 premiers jours. Dès lors, repli au parking du camping, le SF 20 sachant également servir de caravane roulante.
Au bout de 3 jours, les conditions météorlogiques annoncées comme mollissantes et surtout, n’y tenant plus, nous avons mis à l’eau le bateau. Nous sommes partis sous GV 1 ris vers l’Est, portés par un vent d’W F5-6 et une bonne houle de 1.5 à 2m. Nous nous sommes alors abrités dans un petit port de pêche, très abrité dans une eau bleue turquoise. Après un bon bain, rinçage à l’eau claire pour tout le monde avec la douche de pont (c’était la condition pour que Mme accepte de n’accéder aux infrastructures sanitaires que tous les 2-3 jours !!).
La cuisine est faite à bord, au moyen d’un réchaud fixe installé sur la partie droite de la descente et le repas est pris sur la table de cockpit qui n’est autre que la porte de descente (exit les 2 parties en plexi). Puis une bonne nuit dans des draps propres pour nous remettre du stress de ce premier jour de navigation.
Par la suite, les conditions météo se sont améliorées et nous avons pu naviguer durant 15 jours dans du petit temps, espaçant les passages au port tous les 2 à 3 jours pour refaire le plein d’eau ou de victuailles. Une matinée au près dans 20-25 nœuds, GV haute et Solent, m’a conforté sur mon choix de voiles : Kevlar, coupe horizontale, adaptable à merveille à l’état du vent et de la mer.
Nous sommes descendus lentement (petit temps et enfants obligent) jusqu’à Cargèse et remontés plus rapidement (bonne brise oblige) en 2 jours. La météo ayant annoncé un avis de grand frais d’ouest et ne voulant pas rater notre ferry, nous avons commencé la remontée dans une bonne brise de F4-5 de SW. Le maniement du spinnaker est aisé sur ce bateau car c’est un asymétrique. L’un peut alors être disponible pour les enfants et l’autre, barre entre les cuisses, maneuvre le spi de l’arrière, même à l’empannage. Le premier soir du retour, nous sommes arrivés à Galéria. Mouillage comme les gros, douche après le bain…comme les gros (ça c’est bon !!!). Puis 7 familles puis dodo.
Le lendemain, 8h30, début de la préparation du bateau au départ, nous voyons une ligne blanche à l’horizon alors que la mer est d’huile…en 5’, F6 dans la baie. Nous étions déjà partis sous GV haute et Solent. Nous avons affalé le solent puis, la route devenant plus abattue, nous avons conservé la GV haute. Belle houle, bon vent, le bateau était très stable et rassurant. Nous allions vite, n’étions plus pressés, donc pas de spi. Nous avons rattrapé plusieurs gros voiliers sous toilés, nous sommes arrivés à Calvi et avons appris qu’il était passé un avis de grand frais avec des pointes à 40 nœuds…
Puis la fin de la croisière s’est déroulée autour de Calvi. Retour sans incident…
Les enseignements de 3 semaines de croisière côtière en SF 20 à 4 dont 2 petits :
- c’est possible et il faut qu’on remette ça.
- Bien connaître et respecter ses limites et celles de son équipage.
- Ménager des haltes à terre de 1 ou 2 jours pour détendre les enfants et les sortir du confinement d’un bateau.
- Le couchage, la nourriture, sans problème.
- Le SF20 est un bateau marin, il permet d’affronter un vent fort, la force de la mer le limite plus (2m de houle suffisent pour les sensations !!!)
Bon vent
Pascal Remoué